Ouvrages

Le moment Nuremberg. Le procès international, les lawyers et la question raciale, Paris, Presses de sciences po, 2019

À partir d’une enquête sur les lawyers qui, outre Atlantique, ont jeté les bases du procès , impulsé et conduit les débats, Guillaume Mouralis en propose une relecture passionnante. Il révèle le faisceau de contraintes professionnelles, sociales, culturelles qui ont lourdement pesé sur ce moment expérimental et s’interroge sur son legs. « La manière dont l’Allemagne traite ses habitants […] n’est pas plus notre affaire que ce n’est celle d’un autre gouvernement de s’interposer dans nos problèmes. » Les mots de Robert Jackson, procureur en chef américain au procès de Nuremberg, sont sans ambages : la répression des crimes racistes commis par les nazis ne saurait ouvrir la voie à un examen international de l’ordre racial qui prévaut alors aux États-Unis. L’atteste la définition particulièrement corsetée du crime contre l’humanité adoptée en 1945. À partir d’une enquête sur les lawyers qui, outre-Atlantique, ont jeté les bases du procès, impulsé et conduit les débats, Guillaume Mouralis propose une relecture passionnante de Nuremberg. Il révèle le faisceau des contraintes professionnelles, sociales et culturelles qui ont lourdement pesé sur ce moment expérimental. Il s’interroge finalement sur son legs. Comment a-t-il été mobilisé dans les luttes afro-américaines pour les droits civiques, ou celles, ultérieures, contre la guerre du Vietnam ? Et comment ces appropriations militantes ont-elles marqué l’émergence d’un dispositif judiciaire international ?

Une épuration allemande. La RDA en procès. 1949-2004, Paris, Fayard, 2008

A l’approche du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, ce livre s’interroge sur la manière dont le communisme a été politiquement digéré et jugé en Allemagne depuis sa disparition à l’automne 1989.
Car dans l’Europe postcommuniste, l’Allemagne fait figure d’exception : tandis que la plupart des anciennes démocraties populaires ont largement renoncé à punir les crimes d’État commis sous les régimes communistes déchus, l’Allemagne unifiée s’est engagée dans la voie d’une large épuration. Des milliers de procès pour meurtre au mur de Berlin et autres violations des droits de l’homme en RDA eurent lieu après le 3 octobre 1990. Ces procès n’étaient d’ailleurs que l’aspect le plus marquant d’un ensemble de politiques du passé aussi diverses qu’ambitieuses.
Pour tenter de comprendre le Sonderweg allemand en ce domaine, il était nécessaire de sortir du cadre chronologique étroit des années 1990. L’auteur explore la double genèse de l’épuration qui suivit l’unification allemande : d’une part, les premiers pas de cette épuration furent accomplis, en RDA même, au cours de la « révolution pacifique » de l’automne 1989. D’autre part, la justice ouest-allemande était remarquablement bien préparée à accomplir cette mission. C’est en effet à des magistrats tous issus de l’ancienne République fédérale qu’incomba la tâche d’enquêter sur les crimes commis en RDA et de punir leurs auteurs. Or la justice ouest-allemande préparait l’épuration depuis 1949, à la faveur de la guerre froide qui opposa les deux États allemands. En outre, l’expérience ouest-allemande des procès de criminels nazis joua, dans les années 1990, un rôle déterminant : l’échec supposé de ces derniers fut volontiers invoqué pour justifier une épuration postcommuniste ample et ferme. Plus fondamentalement, responsables politiques et magistrats usèrent largement d’outils juridiques forgés à l’occasion des procès de criminels nazis.

Laypeople in Law. Sociolegal Perspectives, Londres, Routledge, 2024

This book contributes to a better understanding of the role laypeople hold in the social functioning of law. It adopts the scholarly insight that the law is unthinkable without an everyday legal understanding of the law pursued by laypeople. It engages with the assumption that not only the law’s existence but also its development is shaped by the layperson’s affirmations, oppositions, ignorance, or negations of the law. This volume thus aims to fill a void in socio-legal studies. Whereas many socio-legal theories tend to conceptualize the law through legal experts’ actions, institutions, procedures, and codifications, it argues that such a viewpoint underestimates the role of laypeople in the law’s processing and advocates for a strengthened conceptual place in socio-legal theory. This book will appeal to sociolegal scholars and sociologists (of law), as well as legal practitioners and laypersons themselves.

Die Straße ist die Tribüne des Volkes. Ansichten zum 4. November 1989 in Ost-Berlin, Berlin, Links Verlag, 2021

Der 4. November 1989 ist ein Höhepunkt der Friedlichen Revolution. Dennoch wird dieser Tag im Rückblick oft übersehen. Sein großer Bruder – der Tag des Mauerfalls – steht im Rampenlicht. Dabei ging es auf der Kundgebung rund um den Berliner Alexanderplatz, »der größten in der deutschen Geschichte«, wie der Spiegel damals schrieb, gar nicht um die Öffnung der Mauer. Die erste genehmigte nichtstaatliche Demonstration in der DDR stand vielmehr im Zeichen der gesellschaftlichen Erneuerung. Prominente auf der Bühne und Zehntausende auf der Straße forderten: Die DDR sollte sich verändern. Eine Utopie, wie sich herausstellte. »Utopia 89« – so heißt auch das Projekt, das diesem Sammelband zugrunde liegt. Er macht den 4. November 1989 erstmals zum zentralen Gegenstand der zeithistorischen Betrachtung. Aus unterschiedlichen Perspektiven werden die vielfältigen, teils widersprüchlichen Dynamiken vor, während und nach der Großdemonstration beleuchtet. Warum konnte die Utopie keine Wirklichkeit werden? Darauf geben französische und deutsche Expert:innen aus Wissenschaft, Kunst, Politik sowie wichtige Zeitzeug:innen fundierte Antworten.

Dealing with Wars and Dictatorships. Legal Concepts and Categories in Action, The Hague, Springer / Asser Press, 2014

Democratic ‘transitions’ in Latin America, Eastern Europe, and South Africa, often studied under the conceptual rubric of ‘transitional justice’, have involved the formation of public policies toward the past that are multifaceted and often ambitious. Recent scholarship rarely questions the concepts and categories transposed from one country to another. This is true both in the language of political life and in the social sciences examining past-oriented public policy, especially policy toward ‘ethnic cleansing’ and the line between the language of political practice, legal analysis, and scholarly discourse has been quite porous. This book examines how these phenomena have been described and understood by focusing recent processes, such as the advent of international criminal justice, in relation to previous postwar and recent purges. By crossing disciplinary approaches and periods, the authors pay attention to three main aspects: the legal or political concepts used (and/or the ones mobilized in the academic work); the circulation of categories, know-how, and arguments; the different levels that can shed light on transitions.


The Nuremberg Trials. New Perspectives on the Professions, Comparativ, 2016, n°4

Based upon findings in social history and the sociology of professions, this thematic issue presents a new approach to the Nuremberg trials. We advance, in particular, two perspectives that have not been previously looked at. Some contributions take a closer look at the staff members who ran the legal and administrative clean-up procedures in occupied Germany, and, related to that, at the formation of new transnational expert fields. Other contributions analyse the professional cultures that have dramatically changed during and after the Second World War.

Introduction à: Robert Falco, Juge à Nuremberg. Souvenirs inédits du procès des criminels nazis, Nancy, Arbre bleu, 2012, p. 11-24

Robert Falco (1882-1960), chassé de la magistrature par les mesures antisémites de Vichy, apprend en juin 1945 que l’on recherche des conseillers à la Cour de cassation « parlant anglais et désirant éventuellement siéger comme juges au tribunal international en voie de création ». Il sera l’un des deux juges français au procès de Nuremberg. Commencé en juin 1945 à Londres où se déroule la conférence chargée de créer le tribunal international, le récit de l’auteur nous conduit de Berlin en ruines à Nuremberg avant de s’achever en octobre 1946 à Prague où, invité du gouvernement tchèque, l’auteur livre ses réflexions sur le procès qui vient de se clore. À travers ce journal sobre et alerte, illustré des dessins réalisés par Jeanne Falco, sa seconde épouse qui l’accompagna au cours de l’année passée à Nuremberg, Robert Falco nous fait découvrir les coulisses du « procès du siècle » et nous dépeint ses différents acteurs. Surtout, et c’est là un des principaux apports de son témoignage pour l’histoire, il nous permet de prendre la mesure du peu de moyens consacrés par le gouvernement français à cet événement, au regard de ceux déployés par les trois autres pays représentés (États-Unis, Grande-Bretagne, URSS).